Ici et ailleurs
La Cinémathèque et ses territoires
Ces rendez-vous entre la cinémathèque et le territoire, ses territoires, présentent des expériences de cinéma qui se saisissent du territoire comme enjeu de création et qui, tout en s’inscrivant ici, sont vues ailleurs.
Pour ce premier rendez-vous, nous commençons avec l’expérimentation au cinéma et la présentation du dernier film de Gaëlle Rouard, Darkness, Darkness, burning bright.
Cette séance est l’occasion d’évoquer l’ancrage du travail de la cinéaste qui a fait l’objet d’une rétropsective aux derniers Etats Généraux du film documentaire de Lussas.
Gaëlle Rouard a développé sa pratique à l’Atelier MTK, un atelier de cinéma artisanal qui, depuis Grenoble, a initié un mouvement qui a conduit à la création de laboratoires artisanaux à Paris, Nantes, Marseille… Depuis, Gaëlle Rouard a construit son propre laboratoire dans sa maison du Trièves, véritable outil personnel qui permet à la cinéaste de travailler l’image argentique de manière unique. Entièrement fabriqué à la main, en utilisant les techniques du cinéma 16mm dont nous célébrons le centenaire en 2023, le film est fait de tableaux en mouvements qui sont autant de miniatures convoquant l’animal, le végétal, le minéral, dans un jeu d’échelles crées par trucages optiques. Quand l’approche expérimentale exprime – tout simplement – une beauté qui ne relève plus seulement du cinéma mais aussi de la peinture trouvant sa plasticité de la rencontre entre la lumière et la matière pelliculaire, entre la nature et la chimie, l’espace du plateau, entre Vercors et Ecrins, devient merveilleux. La cinéaste, qui développe une relation d’instrumentiste avec ses outils mécaniques, projettera elle-même cette copie unique en installant son projecteur dans la salle.
Darkness, Darkness, Burning Bright
De Gaëlle Rouard - 2022 - 73 min - France - 16 mm
Darkness, Darkness, burning bright de Gaëlle Rouard
Pour présenter son film, la cinéaste associe à chaque fois ses images, à un poème :
Premiere partie : prélude
Ténèbres, ténèbres brûlantes,
Dans les forêts de la nuit
Vaste sentiers fleuris, fraîches ramures,
Bosquets pleins de parfums, d’oiseaux et de murmures,
Site revu souvent, et toujours contemplé
Vent qui gargouillez au fond des cheminées que des mois, des heures et des journées….
Aux fenêtres qu’un beau rayon clair veut hâler,
Tant de rayons qui tous m’arriveront trop tard !
couronnés
De joie et de fleurs, dans les blés.
Vent qui gargouillez au fond des cheminées que des mois, des heures et des années….
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles
Là-bas, groupes meuglants de grands boeufs aux yeux glauques
Pour que, plongés en leur douceur et leur prière,
Plus clairs et mieux trempés, ils soient rendus.
pour qui les voit nus et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Seconde partie : oraison
Ténèbres, ténèbres brûlantes,
Dans les forêts de la nuit
Et l’élan fou de cette âme éperdue,
Et qu’eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune
Ô Mort mystérieuse, ô soeur de charité.
Quelle âme revêtir dans cette forêt vierge
Qui va, grimpant les monts, au ciel donner assaut,
Grande nuit ! Sanctuaire auguste des secrets.
Aïeule de la mer antique et des forêts.
Herbes frêles, rameaux tendres, roses trémières,
Et l’ombre qui les frôle et le vent qui les noue,
Et fortement, avec les poings de ses nuées,
Sur l’horizon verdâtre, écrase des soleils.
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Cinéma Juliet Berto
Passage du Palais de Justice
38000 Grenoble
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