Merci la vie de Bertrand Blier
« Rien ne distingue les souvenirs des autres moments : ce n’est que plus tard qu’ils se font reconnaître, à leurs cicatrices. »
Chris Marker
Le cinéma raconte. Le cinéma invente. Le cinéma résonne, souvent, de l’intranquillité du monde. Mais il en est bien moins le reflet que l’invention infinie de représentations, de sensations, de formes et d’expressions. Loin du simple miroir, le cinéma peut se muer en écho indocile de ce qu’il explore. Il est ainsi parfois le berceau, le porte-voix, le masque ou le fard de l’insoumission. À l’heure des révoltes, des soulèvements, des menaces, mais aussi des compromissions et des résignations, c’est bien l’insoumission que nous souhaitons explorer ici. L’insoumission au sens large, l’insoumission sous tous les angles, même les plus clandestins. L’insoumission comme l’accompagnement des luttes, bien entendu. Mais également le refus de se conformer ou de s’accommoder. L’insoumission spectaculaire, dans l’éclat et la fureur, ou celle du quotidien, plus discrète mais non moins ardente. Une insoumission qui ne se limite pas à un surgissement mais qui se découvre et s’apprend, à tous les âges de la vie. Une insoumission comme un stigmate, ou parfois comme insigne sur lequel refonder une identité, une communauté voire une société.
Anaïs Truant, Directrice de la Cinémathèque de Grenoble