Recherches, travaux et valorisation Godard à Grenoble

Godard à Grenoble

Des années 1960 aux installations de SONIMAGE, rue de Belgrade

Invité par le bouillonnant Ciné-club étudiant, Jean-Luc Godard est venu à Grenoble pour présenter ses films, Les carabiniers, Pierrot le fou, Masculin-Féminin trois années successives durant les années 1960. C’est lors d’une ces venues, à l’automne 1966, qu’il rencontre Juliet Berto et Michel Séméniako. Ils parlent politique ensemble puis, quelques temps après, alors qu’il prépare La Chinoise, Godard rappelle Séméniako pour prolonger la discussion sur « le problème pro-chinois »1. Godard est également intéressé par le fait qu’il soit photographe, mais rien ne laisse présager dans l’échange que Godard va proposer aux deux grenoblois de jouer dans le film qui sortira ensuite en novembre 1967.

Certainement que la première rencontre avec Jean-Pierre Beauviala a également eu lieu lors d’une de ces séances, Beauviala étant impliqué dans le ciné-club étudiant (il en a été le secrétaire général) mais c’est au début des années 1970 que l’échange prend une autre tournure. Entre temps, le jeune ingénieur en électronique a fondé Aäton avec des anciens d’Eclair dans un appartement de la rue Carnot. En 1974, Aäton présente le projet d’une nouvelle caméra 16mm. Godard a toujours eu un intérêt pour la technique qui représentait pour lui un moyen de réfléchir le cinéma. Beauviala n’arrive pas à convaincre Godard de s’intéresser avec lui à la mise au point d’une chaîne de production super 8 mais il le persuade de déménager son atelier SONIMAGE de Paris à Grenoble. Après la période politique et l’anonymat du groupe Dziga Vertov, Godard voulait faire un cinéma hors capitale, se rapprocher des montagnes, revenir au cinéma et faire de la télévision. Pour cela, il commande un prototype de caméra 35 mm à Aäton et, avec le soutien de l’INA, équipe un atelier qu’il installe rue de Belgrade pour expérimenter la vidéo et réaliser des « tentatives nouvelles de télévision », notamment avec la série 6X2. Sur et sous la communication réalisée avec Anne-Marie Miéville. En même temps qu’il expérimentait la télévision et la vidéo, Godard ne conçoit ce retour au cinéma (à la réalisation de long-métrage avec des vedettes) qu’à la condition d’un nouvel outil, plus simple, nécessitant moins de geste technique et une équipe réduite pour réaliser des films avec moins de production. En 1976, le cinéaste adresse un cahier des charges à Aaton pour que le fabricant grenoblois de matériel cinématographique conçoive une petite caméra à sa main, la 8-35.

À Grenoble, il a également tourné un long-métrage en vidéo et en argentique, Numéro deux, entre son appartement du village Olympique et l’atelier de la rue de Belgrade. À bout de souffle était le film numéro 1 et Godard se demandait comment repartir à zéro en faisant Numéro deux ? Quitter Paris pour Grenoble représente une renaissance, mais pour faire du cinéma autrement, Godard se demande comment faire des films avec moins de moyens mais aussi pour moins de spectateurs ? Il veut que l’on oublie son nom pour qu’il puisse travailler quotidiennement comme un moine-ouvrier dans son usine à films. En se mettant en scène perdu dans son atelier, machin au milieu des machines annonce, au croisement du cinéma et de la vidéo, les films essais qu’il va réaliser ensuite, notamment Scénario du film Passion et Soft and hard en 1982. L’expérimentation des possibilités expressives de la vidéo a eu une influence forte sur sa pratique, notamment parce que le cinéaste a commencé à réaliser des scénarios de ses films en vidéo, mais aussi parce que l’image électronique lui permet d’expérimenter la possibilité d’écrire à l’image, de les ralentir et de mixer les images entre elles, comme le son : la cinémathèque de Grenoble conserve un appareil son, le Sondor, qui représente l’archéologie du geste qu’il va développer ensuite durant les années 1980.

Le prototype de la 8-35 est prêt au printemps 1979, mais Godard est déjà installé à Rolle en Suisse. Il utilise l’appareil comme une deuxième caméra sur le tournage de Sauve qui peut la vie, tourné avec Isabelle Huppert, Nathalie Baye et Jacques Dutronc qui joue le rôle de Paul Godard, un réalisateur de télévision. La caméra est ensuite utilisée sur le tournage de Passion. C’est en 1983, que JLG Films achète un deuxième prototype de l’Aäton 35 qui a notamment permis de tourner Je vous salue Marie.

Grenoble n’a été qu’une étape dans ce retour vers la Suisse mais cette courte période, de 1974 à 1977, exprime son rapport politique à la technique à travers la commande de la caméra et l’utilisation de la vidéo qui a permis au cinéaste de prendre ce chemin vers la poésie.

Vincent Sorrel

1 Jean-Pierre Andrevon, « Entretien avec Michel Sémiénako. L’un des deux grenoblois de La chinoise », Journal Le Progrès, 9 novembre 1967.

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